16 juin 2022 4 16 /06 /juin /2022 16:29

 

 

A écouter une émission de radio France Culture

sur Aldous Huxley.

 

A l'occasion de la sortie du livre

"Six jours dans la vie d'Aldous Huxley" de Pascale Chabot.

 

 

Aldous Huxley, comment devenir soi

dans un monde dystopique?

 

Aldous Huxley ©Getty - ullstein bild

 

 

 

Voir également le lien vers le livre:

Six jours dans la vie d'Aldous Huxley.

 

Six jours dans la vie d'Aldous Huxley

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Paul Pujol - dans Aldous Huxley
3 juin 2022 5 03 /06 /juin /2022 09:47

 

 

    Dialogue entre J. Krishnamurti et Pupul Jayakar. 

  Le 25 juin 1983 à Brockwood Park (Angleterre).

 

 

   - Pourquoi avons-nous peur de n'être rien?

 

 

 

Existe-t-il, ou peut-il exister dans le cerveau humain un espace infini, une éternité hors du temps? L’esprit est une dimension totalement différente qui n’a aucun contact avec la pensée.

 

Le cerveau, cette partie du cerveau dont la fonction est d’être l’instrument de la pensée, ce cerveau a été conditionné. Tant que cette partie du cerveau reste en l’état, il n’y a pas de communication avec l’esprit.

 

L’insight n’est possible qu’avec la cessation de la pensée et du temps. Si le mot produit un son, je ne suis pas en train d’écouter, je suis simplement en train de comprendre des mots. Mais vous cherchez à me transmettre bien plus que des mots.

 

La psyché est un tas de souvenirs et ces mémoires sont mortes. Elles fonctionnent, elles sont en activité, mais ce sont les restes d’une expérience passée qui a disparu. Je suis un brassage de souvenirs.

 

Si je perçois cela instantanément, je ne suis rien, il n’y a rien. Je n’existe pas. Cesser ce mouvement qu’est la psyché, ce mouvement de pensée-temps, arrêter cela, c’est n’être rien.

 

Alors, rien contient l’univers entier – pas mes pauvres petites peurs, mes anxiétés, mes problèmes et ma souffrance. Finalement, rien signifie le monde de la compassion tout entier.

 

 

 

Pour consulter la liste des vidéos présent sur ce site :

 

Liste des vidéos et audio de J. Krishnamurti présent sur le site, voir en fin de page.

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Paul Pujol - dans Vidéos Krishnamurti
18 mai 2022 3 18 /05 /mai /2022 08:37

 

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                                                                                                                  1 juin 2010

      

 

      Cette personne devait être un général d'armé ou un colonel, nous ne savions pas très bien, en tout cas c’était le chef hiérarchique de cette base militaire du sud du pays. Il était entouré de ses trois assesseurs, également des gradés, mais situés certainement en dessous dans cette même hiérarchie. Ils avaient fait venir ce tout jeune homme, qui avait à peine vingt-deux ans, et ils se trouvaient tous là dans cette pièce, pour réaliser, à leurs yeux, un acte solennel et officiel. Le jeune homme était arrivé il y avait peu de temps, et il avait refusé d’obéir à tout ordre. Il avait naturellement décliné l’uniforme, le coiffeur et tout le système de conformité qui était imposé. Mais il y avait un souci, car dans ce pays et à cette époque, cela était obligatoire et cela faisait force de loi. On était totalement conscient de ces éléments, cependant il était hors de question de porter tel ou tel habit, ainsi que de prendre une arme et d’en apprendre son fonctionnement. Tout cela avait été décliné sans agressivité d’aucune sorte, mais avec une grande fermeté.



    Naturellement cette attitude ne pouvait être tolérée, et le jeune homme se trouva emprisonné, ce qui restait logique dans ce système établi. S’il y a des règles, il y a des sanctions pour ceux qui dérogent à ces mêmes règles, aussi il n’y eut pas de surprise quand cela arriva. Mais cette personne avait une raison personnelle, privée, et elle devait sortir rapidement de cet emprisonnement. Aussi la décision fut prise de cesser de s’alimenter. En fait, le jeune homme refusait toute collaboration, même la plus minime. Il faut bien comprendre que cela se réalisa sans aucune tension, sans friction, simplement il disait "non merci" à tout ce qu’on lui présentait. Même à un statut officiel "d’objecteur de conscience", c’était la case attribuée aux personnes comme lui, et cela aussi fut refusé. Bien évidemment, ce comportement ne pouvait être toléré dans ce lieu de discipline et de soumission.

    On le mit donc en isolement, mais cela ne lui posa aucun problème. Le jeune homme était serein, tranquille, et les autres personnes ne montraient en fait que de la gêne ; mais pas une seule fois de la violence ou de l’énervement ne s’exprima. Cela durait depuis une semaine ou deux déjà, et pour la hiérarchie c’était intolérable.

    Alors ils firent venir cette personne dans le bureau du plus haut gradé de ce lieu militaire. Ils étaient tous là, avec aussi un simple soldat qui avait escorté le jeune homme jusqu’ici. Le haut gradé prit alors la parole et il expliqua le pourquoi de cette réunion ; c’était une démarche officielle prévue dans les cas de désobéissance caractérisée. Il nous dit, qu’il allait nous demander par trois fois de nous soumettre aux ordres, c’était la procédure, et les trois autres gradés subalternes servaient de témoins, afin de valider l’exactitude de ladite procédure. Nous l’écoutions sans dire un mot. Une fois sa présentation faite, il prononça, comme au théâtre, trois fois son injonction. Il est évident que nous ne répondîmes même pas, et seul le silence suivit ses demandes répétées. Il nous regarda, puis s’adressa aux trois autres individus, il dit : "messieurs, vous êtes témoins ? Nous sommes tous d’accord ?". Nous trouvions cette mise en scène un peu ridicule, mais toutes ces personnes semblaient y tenir énormément.



    Le chef s’adressa au jeune homme alors de manière moins officielle, et moins procédurale. Il lui indiqua que cette décision d’insoumission le suivrait toute sa vie, l'empêchant d’accéder à certaines fonctions, par exemple administratives. Il parla aussi du jeûne entamé, et indiqua qu’il pouvait y avoir des séquelles physiques importantes et invalidantes. Ce n’est pas qu’il était prévenant, ayant le souci de votre santé ; il cherchait juste à faire peur, ses réflexions étaient plutôt des sortes de menaces, des mises en garde concernant un sombre avenir. Le jeune homme prit alors la parole, et demanda au général d’armée s’il se rendait compte de ce qu’il disait, de la violence insensée de ses propos. La conclusion de cette expression fut : "monsieur, sincèrement, je préfère être à ma place plutôt qu’à la vôtre". Un silence gêné s’installa, on s’entendait presque respirer ; puis un geste fut fait vers le simple soldat pour qu’il nous fasse sortir et nous ramène en cellule.



    Toute la société se présente comme une succession d’institutions qui essaient d’asservir l’homme. Le but de ces mécanismes est de rendre l’homme conforme aux attentes de cette société ; il faut être soumis à la religion, à la morale sociale, à l’armée, au politique, soumis au schéma qui s’étend aussi dans le domaine privé. Ce très jeune homme était confronté, comme d’autres, à toutes ces pressions extérieures, religieuses, privées, administratives ou autres. Pour vivre en communauté, il est nécessaire d’avoir des règles et des lois ; sinon l’anarchie est là et chacun vit selon son plaisir et son désir. Par contre quand ces règles de vie commune s’étendent à notre manière de voir la vie, quand elles veulent nous contraindre à penser de telle ou telle façon, là le chaos est dans le monde. Il s’ensuit que chacun choisit un camp, chrétien, bouddhiste, français ou allemand ; chacun choisit sa case de conformité, et le désordre court, la fragmentation de la société se met en place.

    Les hommes se brutalisent, s’entretuent ; le frère contre le frère, le fils contre le père ; ne voyons-nous pas toute cette folie ? Il nous faut absolument et totalement être libres, cela ne veut pas dire "faire ce qui me plaît", car "ce qui me plaît" est le conditionnement que la société m’a inculqué, n’est-ce pas ? Etre libre, c’est être totalement seul, insoumis et responsable de l’état du monde. 

  

    Être insoumis, totalement insoumis, c’est être hors du monde des hommes. Celui qui demeure seul, entier, "est" imperturbable comme un roc ou une montagne. Alors véritablement, un autre mouvement naît dans l’esprit, un mouvement sans fin, insondable.

 

 

 

  Paul Pujol, " Senteur d'éternité ".

  Editions Relations et Connaissance de soi

  "De l'autorité et de l'insoumission", pages 153 à 156.

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9 mai 2022 1 09 /05 /mai /2022 10:01

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Trévoux le 8 avril 2012

         

       Qu'est-ce que le changement intérieur, psychologique ? Quand les hommes parlent de "ce changement", qu'entendent-ils par cela ? Pourquoi l'homme veut-il changer, et le veut-il réellement, profondément ?

    Pourquoi l'homme se soucis-t-il du changement, pourquoi ce désir ? On veut changer car ce que nous avons, ou ce que nous sommes ne nous satisfait pas. Parce que nous ne sommes pas heureux, épanouis dans notre vie, dans nos relations. Nous n'avons pas dans notre cœur la simple joie de vivre, en fait nous avons perdu le sel même de la vie. L'homme n'est pas heureux, alors il se dit qu'il doit changer, qu'il doit se transformer pour découvrir autre chose, autre chose que cette vie triste et misérable. Voilà le point de départ, le moteur de cette volonté de changement, l'homme n'est pas heureux et il veut naturellement sortir de cet état.

    Donc tout le monde parle de changement, tout le monde le désire, on fait des réunions, des colloques, on écrit de nombreux livres. On invente des "nouvelles techniques" psychologiques ou des "méditations" révolutionnaires, mais malgré tout cela, malgré tous ces nouveaux jouets pour l'esprit, profondément l'homme reste-le même. Toutes ces actions sont-elles adéquates ? Car c'est bien le problème de l'action qui se pose à l'esprit ; une fois le constat fait "Je ne suis pas heureux", que fait-on ? Qu'elle est l'action qui mettra fin à cette souffrance et rendra mon cœur léger ?

      

     Alors je fais face à ce que je suis, je vois que je ne suis pas heureux et je constate aussi que dans la société il existe de nombreuses personnes qui disent avoir changé, alors qu'il n'en est rien. Je comprend par cette observation que la changement est assez rare, et que la plupart du temps, l'homme change juste l'extérieur, il était Chrétien et il devient Bouddhiste, vivant en Europe, il part en Inde ou en Asie. Si possible un changement se doit d'être exotique, c'est beaucoup mieux et c'est bien plus valorisant. Mais là bas aussi l'homme souffre, la violence et l'ambition règne, le pouvoir et la hiérarchie régente les rapports humains. On troque le quotidien pour l'exotique, mais après quelques temps, cette "exotique" serra devenu mon quotidien, et rien n'aura changé profondément. Je comprends que les changements extérieurs ne résolvent pas le problème de la souffrance, ils peuvent agir comme un stimulant pendant un certain temps, mais quand l'euphorie retombe, on se retrouve toujours au même point.

    Je vois et je saisi que les actions venant de l'extérieur sont vécue comme des stimulants par l'esprit, comme une "drogue" qui fait oublier momentanément mon état présent ; en fait ces stimulants me distraient, me détournent du réel, mais jamais ils ne m'aident à comprendre et à voir directement ce réel.

    Là, cette enquête soulève une question importante, cruciale : Peut-on comprendre notre état d'esprit, en l'occurrence "je ne suis pas heureux", et par cette compréhension profonde, mettre fin à cet état ?  C'est la seule chose qui vaille, n'est-ce pas ? Peut-on mettre fin à la souffrance humaine ? Non pas intellectuellement, en s'enivrant de mots et de discours, mais très concrètement, cette souffrance peut-elle finir à tout jamais ?

 

   La toute première chose, nous l'avons vue, est de refuser de partir dans des excitants, des stimulants qui nous détournent du réel. Donc je ne désire pas de techniques, pas de méthodes époustouflantes qui déconditionnent l'esprit en deux ou trois séminaires bien payés. Je sens que je dois comprendre par moi-même le fonctionnement de l'esprit, car je sens, même de manière confuse, que c'est l'esprit lui-même qui crée sa propre souffrance. Je vois tout autour de moi, combien les gens tombent facilement dans le dernier "maître spirituel" à la mode, combien ils succombent à la propagande des religions et des différentes sectes en vogues. Alors je fais le lien entre mon état intérieur et l'état du monde des hommes, de la société. Soudain je vois que mon état d'esprit, ma perdition et mon désarroi, ma souffrance, tout cela c'est aussi l'état d'esprit des autres êtres humains. Il n'y a pas de différence sur le fond, l'humanité crée sa propre souffrance, et chaque être humain connaît la peur, l'effroi devant la mort, l'immense solitude intérieure et la peine de vivre. Tous nous trouvons cela injuste et cruel. Là, je pressens que la fin de la souffrance dépasse complètement "ma personne", car la souffrance n'est pas une histoire individuelle, elle concerne l'humanité toute entière.

    Alors je reviens à mon interrogation première qui s'est modifiée, elle est devenue : "l'être humain vit dans la souffrance, peut-on mettre fin à cette souffrance, totalement et définitivement ?"

  Le vrai changement c'est cela, n'est-ce pas ? Quelque chose existe depuis la nuit des temps, cette immense peine qui étreint le cœur de l'homme, cela est notre présent, notre Histoire. Peut-on mettre fin à cela, peut-on sortir de l'Histoire, rompre les chaînes du temps ?

 

   Mon état présent a été créé par mon histoire, par mes expériences, par mes tendances et mes idées. Tous ce que je suis est le résultat de contacts avec le monde, et de ma manière d'intégrer ces expériences, de les interpréter et de les assimilées. Ce qui constitue mon esprit est le produit de tout ce processus, mais je ne suis pas un individu isolé, j'ai été éduqué dans telle ou telle société qui elle-même a des modèles et des préférences culturelles, sociales et religieuses. Modèles liés à sa propre histoire, histoire elle-même influencé par l'histoire d'autre cultures ou religions. Donc nous voyons que la manière de traiter les expériences de la vie, est conditionnée par notre environnement social et culturel, lui-même étant conditionné par des influences historiques et géographiques.

   Venons-en à voir si cette société de l'homme engendre la paix ou bien la souffrance ou la guerre. Un regard impartial suffit à répondre à cette question, malgré les progrès techniques considérables, malgré les richesses produites, la souffrance règne sur le monde des hommes, partout l'injustice, le malheur et la souffrance. Il faut voir les choses telles qu'elles sont, la société génère des inégalités flagrantes, qui sont sources de conflits et de guerres. La souffrance court sur le monde, elle brûle nos vies et nos relations.

 

    Cette investigation m'amène à voir tout cela, mon esprit est le produit de mes expériences, et la manière de gérer ces expériences est venue en grande partie de mon éducation. Il y a un lien naturellement, mon esprit engendre la souffrance et la société engendre aussi cette souffrance. Donc il est primordial que je me déleste des références liées à la société, afin d'avoir une relation totalement différente avec les "expériences" de la vie. Si tout cela est bien vu, je n'accepte plus les explications toutes faites des autres, des religions, des psychologues, et je remets en questions également les miennes. Je n'admets absolument rein au préalable...Voit-on bien ce que cela représente ? Je n'admets aucune théorie inventé par les hommes, aucune philosophie, aucune croyance, car elles sont le résultat de cette "machinerie" que engendre la souffrance. Toutes les explications sont vues comme étant erronées, fruit de l'histoire et enfants de la souffrance.

  Mais que reste-t-il à l'esprit si cela est fait, véritablement, réellement. Il y a cette peine de vivre, ce sentiment de mal être, et maintenant je ne lui plaque plus dessus une savante théorie, réincarnation, enfance maltraitée ou autre, je laisse tout ça de côté. Donc cette sensation est là, très vivante et lancinante, que fait alors l'esprit ? Il ne se rattache plus aux conceptions humaines, c'est à dire qu'il ne leur accorde plus aucune importance, ce qui compte c'est cette sensation. Peut-on rester avec elle, afin de la comprendre, afin de mieux la voir ? Pour comprendre une chose il est évident qu'il faut d'abord l'observer, être avec elle, rester en sa compagnie...

    Qu'est-ce que cela veut dire ? Rester en compagnie d'un sentiment, être avec lui, c'est d'abord ne pas le rejeter, le fuir et faire un déni de sa réalité. Ce sentiment existe, "je suis triste" ou "je suis anxieux", peut-on d'abord ne pas fuir ? Pourquoi veux-t-on fuir une chose, y a-t-il une raison, un a priori dans cette action ? Je fuis devant ma peine, car je suis sur que je ne peux pas en finir avec elle, depuis toujours elle m'assaille, ne pouvant pas en finir, je préfère l'oublier en pensant à autre chose. Alors je m'enivre d'alcool, ou bien de méditations ou autres exercices exotiques, cela me distrait, mais cela ne résout strictement rien du tout. Je vois que cette diversion en fait, réellement me fait accepter la situation, et cela abêtie mon esprit, ces drogues stimulantes, prière et autre mantra engourdisse le cerveau. Loin d'aiguiser l'esprit, de le rendre vif et rapide, elles l'alourdissent et le rendent pataud... Et soudain je vois quelque chose qui se dévoile à mon regard, regardons bien, s'il vous plaît nous sommes entrain d'apprendre, d'explorer ensemble. Soudain je vois très clairement, que toutes ces fuites en fait, sont une des raisons qui empêchent tout changement. En effet elles disent "Nous allons vous aider à supporter ce fardeau, à le rendre plus léger", mais en fait elles font accepter le fardeau à l'esprit. Il n'y a aucune naissance d'un regard clair, d'une compréhension vivante qui met fin au fardeau.

    Donc voyons bien, avec profondeur et discernement, toute fuite nourrit ce qu'elle prétend alléger. Elle n'est qu'une propagande qui vous fait accepter l'inacceptable, toute la société fonctionne sur des modes similaires. On ne vous demande pas de changer, il faut perpétuer ce qui existe, et si il y a des difficultés, on va vous donner des stimulants qui vous ferons oubliés momentanément vos problèmes, ce qui revient à vous les faire accepter.

      

    Je me rends compte alors que j'ai manqué de vigilance, car la fuite devant un sentiment "pénible", est le résultat d'une théorie de la société, théorie que je pensais avoir rejeté. Je prends conscience de l'ampleur du conditionnement dû à mon environnement. Et je me dis "Comment n'ai-je pas vu cette impasse? Comment suis-je tombé dans ce vieux piège ?" En fait j'ai agit mécaniquement, comme un automate, un problème et l'action/fuite entre en marche immédiatement. Il n'y a aucune liberté dans cette manière d'agir, et c'est comme cela que je vis depuis toujours. Je découvre que le conditionnement met en place des actions purement mécaniques où la liberté est exclue. Il est évident que c'est pour cela que l'homme baigne dans cette peine et cette souffrance. Donc je vois que toute action, si l'esprit n'est pas déconditionné, toute action viendra renforcer ce qui existe, et empêchera tout changement véritable. Devant la souffrance, je ne désire plus agir sur elle, je la regarde sans projet aucun, je l'observe sans vouloir la modifier ou la déformer. Je fais corps avec elle, je reste en sa compagnie, je commence à la voir pour elle-même, et pas pour sa fin. Comprenons bien si on observe une chose pour désirer sa fin, on n'observe pas vraiment cette chose. L'observation véritable n'a pas de but, elle regarde juste pour bien voir, pour bien saisir ce qui est. Ce regard simple et curieux, ne peut-être que si l'esprit est totalement silencieux, c'est à dire sans commentaires, sans théories, sans pensées sur l'objet observé ou sur autre chose.

    C'est ce qui est observé qui importe et pas celui qui observe, alors on regarde, on observe, on scrute en détail. On voit la peine, la solitude, l'attachement, la possessivité maladive, la jalousie et la colère qui couve, on voit vraiment toute cette souffrance ; mais on ne nomme pas les sentiments. Dans ce texte nous sommes dans l'expression écrite, donc nous utilisons les mots pour communiquer, mais dans l'observation directe il n'y a aucun mot, aucune pensée, on ne nome pas ce qu'on observe, aucune étiquette ne vient recouvrir le réel. Car nous avons vu que dés qu'une chose est définie, pour l'esprit elle se réduit à cette définition et nous ne regardons plus la chose elle-même, nous regardons juste l'étiquette.

 

    L'esprit apprend à voir par lui-même directement, sans référence aux idéaux, non seulement à ceux la société, mais aussi aux siens propres. Rien ne subsiste dans l'observation profonde, seul ce qui est vu importe. Excusez-moi chers amis, mais si cela est vraiment établis dans le cœur et dans l'esprit, dans le cerveau. Si cela est réel, l'esprit n'a plus de commentaire quand il observe avec attention, l'esprit découvre alors vraiment le Silence. Pour la première fois de sa vie, l'esprit découvre quelque chose qu'il n'a jamais vu, jamais connu. Quelque chose de totalement nouveau entre en existence, et ce silence c'est le silence de la mémoire elle-même. L'esprit d'un seul coup n'est plus assujetti à la mémoire, et donc au temps, il brise cette chaîne millénaire.

    Alors quand il y a observation, cela ne se fait plus avec l'a priori de la continuité, donc la souffrance peut finir, ainsi que toutes les choses de l'esprit. Avec ce silence profond, immense, l'esprit apprend à finir les expériences, les conditionnements. Dans ce mouvement sans fin, la pensée est remise à sa juste place, et l'esprit découvre quelque chose hors du temps et des croyances humaines. Alors dans ce mouvement d'immobilité, dans cette vacuité sans fond, l'esprit finit à son tour, jour après jour. L'esprit finit tranquillement, sereinement, puis quelque chose renaît neuf et vierge de tout passé, comme une lumière vive et fraîche.

    Et vraiment mes amis, dans cette liberté nouvelle, quelque chose de totalement différent s'exprime alors. Ce n'est plus l'homme qui veut changer, c'est la totalité de la vie qui est entièrement autre.

 

 

 

 

  Paul Pujol.

 

  Texte publié dans la revue Troisième Millénaire N° 104 paru en été 2012.

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Paul Pujol - dans textes paul pujol
12 avril 2022 2 12 /04 /avril /2022 09:58

 

 

 

Nous avons le regret de vous annoncer la suppression de la chaîne Krishnamurti francophone. 

 

Voir les explications ici.

 

 

 

 

Nous avons la joie de vous annoncer la création d'une

nouvelle page sur YouTube.

 

Il s'agit de la page "Krishnamurti francophone".

 

 

 

Ce projet vise à présenter des vidéos et audio en langue française.

Que ce soit les rares enregistrements où Krishnamurti parle lui-même en Français, ou bien des documents principalement doublés en Français.

 

Cette page complète celle des fondations Krishnamurti:

"J. Krishnamurti",

et celle existante:

 "Krishnamurti en français".

 

La première de ces pages You Tube,  "J. Krishnamurti" met à disposition de nombreuses vidéos et audio en langue originale anglaise. Les fondations proposent aussi des traductions en de nombreuses langues. Donc 213 vidéos en français.

Les vidéos en langues autre que l'anglais, sont proposées en mode "sous-titrées".

 

La seconde "Krishnamurti en français", propose principalement de nombreuses lectures de textes de Krishnamurti en français. Ce gros travail est dû à Didier Artault. Vous trouverez aussi quelques vidéos de Krishnamurti sous-titrées (issues de la page K des fondations cités ci-dessus).

 

A notre sens, il manquait la présence d'enregistrements vidéos et audio en langue française, non pas en mode sous-titrés, mais "doublées" en français.

 

Il est bon de savoir qu'avant l'apparition des DVD, on utilisait des bandes vidéos, ou cassettes VHS, qui étaient lus par des magnétoscopes. Et sur ce support, les enregistrements étaient doublés, et nous sous-titrés. Donc il existe un nombre considérable d'enregistrements où le doublage est en français (et d'autres langues), gros travail fait par des membres de fondations Krishnamurti.

 

Donc rendez-vous sur cette nouvelle page You Tube

 

"Krishnamurti francophone".

Page You Tube Krishnamurti francophone
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